23.03.24 16h00
Auditorium - Orchestre national de Lyon

Vox Animalis

Spectacle en famille

Ensemble intercontemporain

La plupart des théories sur la naissance de la musique s’accordent à dire qu’elle est en grande partie due à l’imitation de la nature. Depuis la nuit des temps, les sons de la nature nous fascinent, et parmi eux les chants et les cris d’animaux. L’Ensemble intercontemporain propose un programme entièrement dédié à ces voix d’animaux, une plongée dans un bestiaire instrumental fantastique. Galamb Borong de György Ligeti (1989), l’Étude n°7 pour piano qui ouvre le Livre II, est cependant moins l’imitation directe d’un « pigeon mélancolique » (traduction du hongrois) qu’une approche pianistique complexe d’un « faux gamelan » (en balinais approximatif), un titre qui évoque l’impossibilité pour un piano accordé en tempérament égal de se rapprocher des sonorités de cet ensemble de percussion, au profit d’« une musique de gamelan imaginaire, originaire d’une île étrange qui ne se trouve sur aucune carte. Pour ceux qui comprennent le hongrois, le titre aura aussi une tout autre signification, mais elle est sans importance pour la nature de la musique, seule la sonorité des mots du titre est essentielle. »

Le titre mélanésien Mana (1935), choisi par André Jolivet pour son cycle de piano, évoque pour lui « cette force qui nous prolonge dans nos fétiches familiers. » Les six parties de l’œuvre, des miniatures finement ciselées dont trois sont jouées ici, évoquent six objets laissés par Edgar Varèse à son élève, lors de son départ en Amérique en 1933. Jolivet les érige en totems, chargés d’un fluide magique, selon la conception du sociologue Émile Durkheim. Parmi eux, deux mobiles de Calder – un oiseau et une vache – et deux animaux de paille, dont une chèvre, qui inspirent respectivement les deuxième, cinquième et quatrième pièce du cycle.

C’est l’araignée qui inspire la compositrice Lisa Illean pour Ever-weaver pour piano et violoncelle (2022) : « S’inspirant sur le plan structurel des orbes fragiles des toiles de l’araignée tisserande, les vingt et un fils de musique sont tissés et renoués en accords et en lignes tressées tout au long de neuf cycles constitués en spirales. Le piano et le violoncelle sont tous deux présentés comme des objets à parcourir, à la façon de paysages. L’écriture de cette pièce m’a offert ce moment paisible au cours duquel j’ai mentalement tissé ces fils sonores jour après jour. La forme du tissage est en constante évolution : l’exposition par exemple change conti¬nuellement de rythme et de forme. Les cycles évoluent parfois à mi-parcours, comme si l’on fixait une nouvelle image dans son œil ou que l’on naviguait d’un reflet à un autre des formes constantes. On retrouve dans le cycle final les sonorités pianistiques qui nous sont devenues familière tout au long de la pièce et qui sont quasiment figées. »

Le Quatuor pour la fin des temps pour piano, clarinette, violon et violoncelle (1940) fut composé par Olivier Messiaen dans des conditions très particulières : le compositeur est alors un soldat en captivité au Stalag VIII-A, à Görlitz, après la débâcle. La situation l’a invité à méditer sur l’Apocalypse de Jean. Troisième des huit mouvements du quatuor, Abîme des oiseaux est écrit pour clarinette seule : « L’abîme, c’est le Temps, avec ses tristesses, ses lassitudes. Les oiseaux, c’est le contraire du Temps : c’est notre désir de lumière, d’étoiles, d’arc-en-ciel et de jubilantes vocalises ! »

Après l’écoute d’un enregistrement de baleines à bosse en 1969, George Crumb, profondément touché, débute l’écriture de son trio pour flûte, piano et violoncelle Vox Balaenae (1972). Comme souvent chez le compositeur, les instruments sont amplifiés. Les musiciens jouent masqués afin de « symboliser la puissance impersonnelle des forces de la nature – une nature déshumanisée ». L’œuvre est en trois parties : « …pour le commencement du temps », suivi de cinq « variations sur le Temps de la mer » aux noms des ères géologiques, et « …pour la fin du temps ». De nombreuses techniques de jeu étendues sont déployées par le compositeur, les musiciens sont invités en outre à chanter, à siffler. En résulte une pièce d’une intense poésie sonore.


Spectacle à voir en famille.

György Ligeti : Galamb Borong
André Jolivet : L’Oiseau, La Chèvre, La Vache
Lisa Illean : Ever-weaver
Olivier Messiaen : Quatuor pour la fin du Temps : III. Abîme des oiseaux
George Crumb : Vox Balaenae

Emmanuelle Ophèle : flûte
Alain Billard : clarinette
Hidéki Nagano : piano
Renaud Déjardin : violoncelle
Ensemble intercontemporain

Auditorium – Orchestre national de Lyon - Salle du Ballet


En avant-concert à 15h00 :
La Bocca, I Piedi, Il Suono


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© Photo : Anne-Elise Grosbois
Coréalisation Auditorium – Orchestre national de Lyon

23.03.24 16h00
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